Article avril 2006
L'univers voluptueux
du «maître laqueur»Envoutant de pénétrer dans l'univers de Frédéric Halbreich, artiste
schaerbeekois d'adoption très particulier, il faut pouvoir s'imprégner de
la volupté de ses oeuvres, les toucher,
les caresser comme l'artiste
vous invite à le faire, en admirer
la pureté et la profondeur.
Frédéric Halbreich qui se définit lui-mêmecomme «maître laqueur» se lance après
une courte période" peinture", dans
une carrière de chanteur, avant de
retourner à ses premières amours : la peinture.
En 2002, suite à une déception quant à la
profondeur du noir, il réalise que pour obtenir
la pureté et la brillance de ce noir tant
recherché, il lui faut franchir un pas que seule
la technique de la laque, héritée de la culture
asiatique, lui permettra d'atteindre.
La laque dans l'Art pur
Pour ce faire, il se rend en Russie dans une
petite entreprise artisanale de laque; il observe,
pose des questions, revient avec une petite
boite d'initiation et se lance dans ce qui sera
sans aucun doute, sa plus grande aventure
artistique. Grâce à des techniques, des recettes
et des mélanges dignes des plus secrets alchimistes,
il atteint enfin la plénitude de son art.
«
La laque est, à mon avis, l'expression la plusabsolue du noir, la sublimation de cette couleur.
Il n'y a pas plus profond que la laque. On peut
s'y plonger comme dans de l'eau
» affirmeFrédéric Halbreich.
Une influence résolument orientale
«
La laque est liée à une culture orientale danslaquelle on retrouve l'esprit du zen, du Ying et du
Yang, une conception très absolue et très
spirituelle que j'essaye de reproduire dans mes
compositions. Elles sont très dépouillées, avec un
mouvement soit horizontal, soit vertical mais
sans interruption. La toile est l'élément d'un
ensemble dans lequel le trait ne fait que passer;
il n'y a pas de début ni de fin. C'est une énergie
qui traverse l'espace
» explique FrédéricHalbreich.
La liberté du mouvement
comme moyen d'expression
Pour donner force à ses propos et pour bien
signifier l'intemporalité de son oeuvre, Frédéric
Halbreich se refuse à envisager un quelconque
encadrement qui pourrait enfermer le tableau.
Ainsi, la composition continue sur la tranche
pour bien montrer l'absence de barrières. Pour
l'artiste, il n'y a pas de frontières entre Art,
beauté, esthétique ou philosophie. Son oeuvre
résume l'ensemble sans en donner volontairement
l'explication. Ce
sont des instants volés,
plus proches de la peinture
«objet» que de la peinture
qui raconte une histoire.
"J'émerge des grands abstraits du vingtième siècle
avec une filiation marquée
et que je
revendique pour des gens
comme Soulages,
Poliakov ou Franz Kline.
L'oeuvre d'une vie
Un laque ne se fait pas en quelques jours. La
conception technique même de la base nécessite
déjà plusieurs jours avant que de faire
place à l'artiste qui peut enfin, après cette opération
technique, coucher sa «patte» artistique
sur la toile. «
Une laque terminée, prend un moisenviron de sa conception à sa réalisation finale.
La phase de polissage est la plus longue et la plus
complexe. Il faut des heures de polissage au
papier de verre ultra fin pour obtenir le rendu
brillant qui donne à la laque cette volupté si
douce et si étrange
».Les oeuvres de Frédéric Halbreich ne sont pas
seulement belles et caressantes. Il faut les toucher,
les regarder, les observer à la lueur de la
lumière naturelle pour en découvrir les vertus,
les mystères ou les secrets.
Pour ce faire et pour en savoir plus
sur la technique de la laque proprement dite,
nous vous invitons à vous référer à son site
qui vous donne des explications techniques
mais aussi un avant goût de la perfection.
Contact: fredhalbreich@yahoo.fr
Site web: www.fhalbreich.be
Le travail de la laque me permet
d'atteindre la plénitude de la couleur noir.
Véritable objet brillant,
la toile se découvre aussi
sous la caresse.
Xavier Mouffe